nathalie bandulet

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Nathalie Bandulet - Cicatrices - arts visuels

Le fil conducteur de Nathalie Bandulet 

Hella Förster Derouin
M. A. Histoire de l’art, Freie Universität Berlin

(traduction libre de l’allemand)

Nathalie Bandulet est à la fois cueilleuse, gardienne et semeuse. Son art ne représente pas la nature, c’est la nature. La récolte de ses trésors précède toujours la création.

Telle une botaniste, l’artiste a accumulé les trouvailles des bois et des prairies toute sa vie, les a sauvées de la destruction ou de la décomposition, les a soulevées du sol de l’oubli pour les mettre finalement sur le piédestal de la contemplation.

Inspirée de l’Arte Povera, « l’art pauvre », elle privilégie l’usage de matériaux simples, tels des éléments naturels ou de récupération et ses interventions sur ceux-ci sont toujours minimalistes. Outre les extrêmes du noir et du blanc, c’est surtout la couleur contrastée rouge qui parcourt toutes ses œuvres comme un guide, non seulement comme couleur de la vie, mais comme marqueur coloré par excellence, comme une flèche pointant vers le chemin. Le « crayon rouge » de l’artiste trace, souligne, fait surgir. Bandulet se considère moins comme une conceptrice que comme une clairvoyante, une médiatrice ; la véritable créatrice reste la nature elle-même, celle qui fournit la matière dictée par l’art.

Bandulet se consacre à son travail de manière méticuleuse, presque obsessionnelle. Les trouvailles sont soigneusement nettoyées, soignées et presque "traitées". Elle enquête minutieusement et va au fond des choses. Il s'agit d'un lent processus anthropomorphique de soins qui, notamment par la méthode de travail répétitive, voire méditative, apaise l'âme tourmentée de l'artiste et son agitation intérieure. Tout comme sa propre vulnérabilité aiguise sa conscience de la souffrance des autres, le recours à des matériaux sensibles se présente aussi comme un symbole de notre existence fragile, comme une analogie entre l'homme et la nature. Bandulet fonctionne par cycles. Il faut souvent des années avant qu'un nouveau cycle ne commence, avant que suffisamment de matériel ne se soit accumulé, avant que les trouvailles rangées soigneusement et en toute sécurité dans des boîtes ne soient ramenées à la vie. Les choses ont besoin de temps pour renaître dans un nouveau contexte. Ce n'est qu'ici, à travers le nouvel agencement, l'accentuation des couleurs, le regroupement ou l'isolement, qu'ils prennent leur forme et deviennent "compréhensibles". De nouvelles connexions mentales, des façons de voir, une nouvelle dimension émergente.

Bien avant que le monde de l’art ne s’empare d’enjeux environnementaux et que l’Antropocène ne devienne un sujet à la mode, déclarant ainsi la nature comme objet d’art, Bandulet était déjà en train de broder de son fil rouge. Son langage n’est ni instructif — accusateur, ni hurlant — dystopique. Au contraire, il est très calme. Pourtant, dans son apparente simplicité, il est multicouche et complexe comme la poésie. Sa représentation de la nature se confond avec son propre mode de vie et est une expression d'elle-même. 

Nathalie Bandulet ne cessera de tisser son fil qui, comme celui d'Ariane, nous conduit doucement vers la lumière et nous ouvre les yeux. 

(Traduction libre de l’allemand)

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